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Pierre Laurent : «Qu’est-ce qu’attend le gouvernement ?»

Entretien publié dans Le Parisien (le 16.12. 2012)

 

Mariage pour tous, politique sociale, attitude des parlementaires communistes et du Front de gauche,… Le secrétaire national du PCF a balayé tous ces sujets dans son interview au quotidien « Le Parisien » de ce week-end. Sans détour, Pierre Laurent explique la stratégie du PCF pour décrocher le changement. « Nous voterons tous les textes de progès social », dit-il. Encore faut-il que l’occasion se présente…

<br />Siège du PCF (Paris XIXe).  « J’appelle tous ceux qui ont voté pour le changement à débattre, à manifester, à marcher contre l’austérité... », lance Pierre Laurent, le leader du Parti communiste . </p><p>

 

 

Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste,

regrette que le « versant libéral » du gouvernement

l’ait emporté sur les intentions sociales

du programme de campagne de François Hollande.

 
 
 
 

Pour le patron des communistes, la politique gouvernementale depuis six mois s’est faite au rythme des pressions du patronat.

 
Les communistes vont-ils défiler avec les partisans du mariage pour tous ?
Pierre Laurent.
Bien sûr! Nous nous sommes prononcés en faveur il y a déjà plusieurs années. Nous soutenons aussi le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) le plus vite possible.

Ce sujet ne risque-t-il pas de radicaliser les opposants au mariage gay ?
C’est avec ce type d’arguments qu’on recule. On l’a vu avec le droit de vote des étrangers… Il ne faut pas se tromper sur l’état de l’opinion, qui est largement favorable au projet de loi, a fortiori si nous apportons les explications nécessaires. Le gouvernement devrait être offensif sur ce sujet. Or je note dans son attitude un manque de confiance évident.

 

Sur la politique sociale, vous êtes déçu ?
Tous ceux qui attendaient le changement, tous ceux qui voulaient une rupture forte avec la politique de Nicolas Sarkozy, tous ceux qui voulaient de l’ambition en matière de lutte contre le chômage et la précarité ne peuvent être que déçus par les premiers mois de la présidence Hollande et du gouvernement Ayrault. A l’évidence, les budgets d’austérité et le pacte de compétitivité ne font pas la politique de redressement social attendue par les Français.

C’est un virage ?
Il y avait beaucoup d’ambiguïtés dans le programme de François Hollande. On ne pouvait pas promettre à la fois la ratification du traité européen et le redressement social. Mais ce qui me frappe, c’est la vitesse avec laquelle le versant social libéral l’a emporté sur les intentions sociales.

Le gouvernement a-t-il trop cédé à Mittal ?
La France ne peut pas rester dépendante des seules décisions financières de Mittal. Ce sera tôt ou tard préjudiciable. Pour moi, la question du contrôle public de la sidérurgie française reste donc posée.

La nationalisation de la sidérurgie en 1982 n’a pourtant pas empêché les licenciements ?
La nationalisation ne suffit pas. Il faut l’accompagner d’une vision industrielle portée par de réels investissements, l’appuyer par un secteur bancaire repris en main. Il faut aussi donner des droits nouveaux aux salariés, comme la possibilité de suspendre un plan stratégique.

Le plan pauvreté qu’a dévoilé Jean-Marc Ayrault mardi répond-il à l’urgence sociale ?
Nous sommes très loin du compte! 10% d’augmentation pour amener le RSA à 525 € au bout de cinq ans, c’est beaucoup trop faible. Un plan contre la pauvreté doit passer par un plan de lutte contre la précarité, par des lois de sécurisation de l’emploi, par davantage de formation. Le gouvernement utilise de tout petits pansements pour soigner une maladie grave.

Les patrons du CAC40 se sont augmentés de 4,7% en moyenne l’an dernier…
Qu’est-ce qu’attend le gouvernement pour sévir et encadrer les revenus les plus importants? Pourquoi a-t-il refusé de rétablir l’intégralité de l’ISF, qui nous aurait rapporté 900 M€ de plus? Pourquoi a-t-il cédé à l’amendement des « pigeons », qui a privé l’Etat de 750 M€? Parce qu’il n’a pas le courage de faire la guerre à la finance comme François Hollande l’avait promis pendant sa campagne. Il y a pourtant des moyens de combattre l’indécence des grands patrons et des grands actionnaires qui se sucrent sur le dos du monde du travail.

Vous avez voté contre le projet de loi de finances de la Sécu, vous vous êtes abstenus sur le budget 2013. Les communistes sont-ils dans la majorité ou dans l’opposition ?
Retournons la question : le gouvernement va-t-il rester ou non fidèle à la majorité de ceux qui ont voulu le changement au printemps dernier? C’est nous qui faisons entendre leurs voix aujourd’hui.

Le PS fait la différence entre les communistes et votre allié Jean-Luc Mélenchon…
Le Front de gauche est uni dans la critique, comme dans les propositions. Que le gouvernement n’essaie pas de nous diviser, c’est peine perdue! Mais j’observe que la réflexion sur une politique alternative de gauche dépasse notre seule organisation. Elle existe chez une partie des socialistes, des écologistes et de très nombreux syndicalistes. Le gouvernement ne pourra pas continuer longtemps à fuir ce débat.

Comment comptez-vous peser ?
La politique depuis six mois s’est faite au rythme des pressions du patronat : on a eu les « pigeons », les patrons du CAC40, une autre fois les coups de gueule de madame Parisot (NDLR : la présidente du Medef), quand ce ne sont pas les rodomontades d’Angela Merkel… Il faut que la politique du gouvernement se fasse sous la pression des citoyens qui l’ont élu! Le Front de gauche va lancer une grande campagne nationale. J’appelle tous ceux qui ont voté pour le changement à débattre, à manifester, à marcher contre l’austérité, à organiser des votations citoyennes pour l’interdiction des licenciements boursiers. Il faut faire feu de tout bois!

Vous allez mener la guérilla au Parlement ?
Nous voterons tous les textes de progrès social comme nous allons le faire sur le logement. Et quand nous nous opposerons (lire aussi page 9), nous proposerons au gouvernement une alternative, une porte de sortie vers la gauche. Nous ne sommes pas dans une logique de blocage, mais dans une attitude constructive.

On peut discuter avec ce gouvernement ?
Les premiers mois n’ont pas été marqués par une grande capacité d’écoute ou de dialogue. C’est une des choses qui doit changer.

François Hollande doit-il prendre la parole devant les Français ?
Il doit surtout changer de cap. Je n’ai jamais été un partisan de l’omniprésence présidentielle. Ce que je lui conseille, c’est d’écouter davantage ses propres électeurs, qui disent partout : « Nous attendions plus et mieux. »

 

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le 17 December 2012

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