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Lettre ouverte aux enseignants

 
 

Chers collègues
L’exercice de notre métier est de plus en plus difficile au quotidien. seuls dans nos classes et sans formation adaptée aux réalités de la pratique, dans l’impossibilité de répondre à la multiplication d’injonctions contradictoires, enfermés par l’évaluation dans des logiques concurrentielles, empêchés de penser notre métier, responsables de tous les maux de l’école, surchargés de tâches administratives, en rupture de confiance avec notre hiérarchie nous ressentons un profond sentiment d’impuissance alors que notre travail réel n’est pas valorisé, voire même semble invisible, et que notre santé même se trouve atteinte sans aucune aide de l’institution. Mais de quoi nous parle cette difficulté dans l’exercice du métier, qui comme celle de nombreux salariés, se trouve souvent imputée à une responsabilité individuelle.
Nous voilà devenus fragiles, comme le sont les employés de France-Télécom, par exemple.
Mais nous ne sommes ni malades, ni démissionnaires, c’est l’exercice de notre métier qui est empêché.

L’école de la reproduction sociale transforme les inégalités sociales en inégalités de réussite scolaire et
conduit à invalider tout acte pédagogique.
La suppression de 70 600 postes (enseignants et administratifs) en 5 ans s’est faite strictement sur des
considérations économiques et non dans des objectifs pédagogiques : pour preuve la quasi-disparition
des rased dans le premier degré et de la scolarisation avant 3 ans.
Privés de formation, les débutants sont affectés sur des postes réputés difficiles : zone prioritaires, des
affectations sur 3 niveaux différents, urgences à affron ter en collège …
Le concours déconnecté des expériences professionnelles ne permet pas d’avoir les outils nécessaires
dans l’exercice quotidien du métier, pour préparer nos cours, pour les conduire mais aussi pour les analyser.
L’absence d’articulation entre recherche et formation au métier, entre master et concours, ont provoqué
l’évacuation de la formation professionnelle. La réforme ne s’effectue pas à droit constant pour les
enseignants de disciplines professionnelles (toutes les disciplines ne disposent pas de master ; remise en
cause de la validation des acquis) ce qui a provoqué un effondrement du nombre de candidats au con -
cours de PLP (moins d’un candidat pour deux postes au concours). Le recours aux vacations affaiblit le
niveau
La prolifération des missions rend problématique la transmission des savoirs, qui est le coeur de notre
métier.
L’absence de cadre dans les évaluations entraîne de fortes inégalités de traitement/
en l’absence de lieu pour se retrouver et échanger se trouve empêchée une culture partagée, la création
d’équipes, par ailleurs promues, ainsi qu’un temps de réflexion collective sur l’exercice du métier
alors que faire pour ouvrir des possibles dans l’exercice du métier ?
renverser les logiques d’exclusion et de ségrégation C’est affirmer le tous capables au fondement de la
refondation et penser l’école pour ceux qui n’ont que l’école pour apprendre. L’exposition aux savoirs
ne suffit pas. La naturalisation des difficultés à devenir élèves par des approches étroitement psychologisantes et médicalisantes ne permet pas de renverser la spirale de l’échec.
C’est redonner sens à l’école, centrée sur un objectif de démocratisation et réaffirmer un projet politique
d’émancipation :
Contribuer au développement intellectuel de tous les élèves en démocratisant l’accès au savoir et lutter
contre les inégalités sociales, territoriales et sexuées C’est promouvoir des modalités de transmission
qui rendent lisibles les attendus scolaires, mettent l’accent sur les processus d’apprentissage, favorisent
une conception solidaire des apprentissages C’est contribuer à la formation de citoyens actifs et
critiques, outillés culturellement pour opérer des choix individuels concernant leur vie et participer aux
choix collectifs qui engagent toute la société.
C’est refuser le principe méritocratique qui a pour  vocation de naturaliser les difficultés, individualiser
les réponses pédagogiques, sanctionner par l’échec une prétendue incapacité personnelle afin de mieux
sélectionner une élite.
C’est repenser le collège unique en supprimant les dispositifs de préapprentissage.

Repenser le Métier

- par la garantie d’un cadre national de formation, qui maintienne des structures spécifiques de formation des enseignants en université, organise des pré recrutements dès la licence, promeuve une professionnalisation progressive au cours du master et année de stage avant la titularisation.
- par une formation théorique où le savoir est envisage dans sa dimension historique et épistémologique loin du socle commun de compétences.
- par une formation professionnelle, qui s’appuie sur la recherche universitaire et pédagogique afin de pouvoir faire l’analyse des malentendus sociocognitifs et des obstacles aux apprentissages plutôt que de s’enliser dans des dispositifs d’individualisation qui ne règlent aucun des problèmes rencontrés.
- par une formation commune 1er et 2ème degré, pour plus de cohérence.
- par une prise en compte de l’expertise des enseignants pour mettre en place les réformes : un enseignant ne peut être un exécutant c’est un concepteur.
- par la mise en place de collectifs de travail, hors des logiques hiérarchiques, ayant du temps pour penser le métier.

dès maintenant il est possible :
- de transformer les structures par un arrêt de la RGPP
- de mettre en place un pré recrutement sous statut d’« élève professeur » pour que les étudiants de tout milieu social puissent accéder à l’enseignement
- de mettre en place un plan de recrutement pluriannuel en accordant une importance particulière à la maternelle et en permettant la scolarisation à deux ans
- d’accompagner les stagiaires en leur évitant les postes les plus difficiles
- de rallonger les durées d’affectation en début de carrière
- de former les maîtres formateurs en clarifiant leur mission
- d’allouer des moyens prioritairement à l’éducatif en supprimant les heures supplémentaires qui coûtent 1,3 milliards d’euros l’équivalent du budget global
 de l’enseignement technique agricole.
- de revaloriser les salaires à la hauteur des qualifications
- de titulariser les personnels précaires dans le respect du statut de la Fonction publique d’etat et du statut des enseignants

Il est possible dès maintenant de transformer les choses pour construire :
- une école qui offre à tous les jeunes la confrontation avec le réel dans sa complexité, la réflexion critique et l’accès à une qualification reconnue et la réelle possibilité de s’approprier des outils d’émancipation
- une école qui lutte contre les inégalités et affirme des ambitions pour tous, dans tous les établissements et sur tous les territoires
- une école qui qui favoriser les initiatives, s’appuie sur la professionnalité, la réflexion de l’ensemble des personnels, dans des équipes éducatives qui sont aussi la richesse du système éducatif français dans cette perspective, le PCF, dans le cadre du Front de gauche, lance une série de débats, de rencontres, pour élaborer avec vous ce que doit être une réelle politique de gauche en matière éducative.

 

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