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Discours du Comité lors de la cérémonie de Souge le 20 octobre

Comité du Souvenir des Fusillés de Souge

Extraits de l'intervention du Comité lors de la cérémonie du 20 octobre 2013.

 

"Nous  rendons, en cette troisième année de commémoration du 70 ème anniversaire des fusillades, hommages aux fusillés, et aussi aux femmes, compagnes, mères, de fusillés, elles mêmes déportées et mortes en déportation, comme vous avez pu le remarquer  sur le cheminement du Mémorial. Le plus grand nombre d'entre elles sont en effet décédées en 1943.

Si au niveau français 1943 est une année charnière dans le conflit, si  ce sont les arrestations de mi et de fin 43 qui alimenteront les bûchers début 44, 1943 est la seule année ou il n'y pas eu de fusillade massive. Deux fusillés sont cependant à déplorer.

Gustave Deflandre, natif de Lille, agent commercial, prisonnier des allemands, transféré à St Médard en Jalles, évadé puis repris, est accusé d'espionnage et condamné par le tribunal militaire allemand de Bordeaux le 4 juillet 1942. Il sera fusillé seul, le 4 janvier 43, 6 mois, jour pour jour, après sa condamnation.

René Hontangs, bordelais d'origine, gardien de nuit, est fusillé le 13 octobre, seul également. Il avait été  condamné pour avoir agressé un soldat allemand, et  aurait appartenu au SSDN (Service Secret de la Défense Nationale.)      

Quel est le contexte girondin début 43

Les fusillades du 24 octobre 41 et du 21 septembre 42,  mais aussi les autres arrestations, internements, déportations et emprisonnements ont tout particulièrement porté un rude coup à tous les mouvements de résistance.

L'arrestation d'Henri Souque pour "activité communiste illégale" le 27 janvier 1943 décapite les FTP dans la région. Les polices vichyste et allemande le signalaient en fuite et le poursuivaient depuis le 25 août 42. Lors de sa capture, il est porteur de deux cartes d'identité, ainsi que de deux rouleaux et un tube pour duplicateur. Il est déporté.

Envoyés par les responsables nationaux des FTP, de nouveaux "inter-régionaux" rejoignent notre région et notre département avec des fonctions, politiques pour les uns, militaires pour d'autres, et techniques (logistiques) pour d'autres enfin.

Le contact avec les quelques militants locaux rescapés est  établi, ce sont principalement des cheminots et des ouvriers des chantiers de la Gironde. L'action sous toutes ses formes reprend.

Le groupe Bourgois (du nom de son chef)  formé de quelques unités en avril comptera jusqu'à 70 membres en septembre 43, et sera présent dans la forêt de la Double, aux chantiers de la Gironde, à Parempuyre, chez Poliet et Chausson, à Lormont,  à Bourg sur Gironde, à l'usine Walter au Vigean.

Les activités du groupe vont de la diffusion de la Vie Ouvrière clandestine, à l'édition du journal  des FTP, à l'apposition d'étiquettes auto collantes sur les murs de la rue de Bègles à Bordeaux, ou à la vente de bons de souscriptions le 14 juillet  43 pour alimenter les caisses de solidarité.  Mais c'est l'action de sabotage qui prédomine et notamment  des déraillements de train, des récupérations d'armes auprès de sentinelles allemandes, des câbles électriques et/ou téléphoniques sectionnés. Mais suite à des dénonciations le groupe est démantelé à l'automne 43. 17 seront fusillés, ici, le 26 janvier 44 ,13 mourront en déportation, 20 survivront.

Agissant plutôt en Charente maritime, le mouvement Honneur et Patrie dont beaucoup de membres sont à l'OCM (organisation civile et militaire) et d'autres à Libération Nord, atteint un développement maximum en 1943. 110 hommes répartis en sections spécialisées (renseignements, liaisons, instruction, ravitaillement) couvrent ce département.

La collecte de renseignements militaires (sous la responsabilité du commandant Lisiack, chef du réseau Centurie) constitue très vite la principale préoccupation du mouvement, mais en même temps, se pose le problème de leur transmission à Londres. Dans un premier temps les courriers sont transportés par des bateaux de pêche de la côte bretonne, plus tard par Lysander (avion assurant entre la France et l'Angleterre le transport des hommes, des radios, des armes). La diversité des professions des membres du mouvement est notable: pilote d'avion, armateur, agriculteur, charcutier, commis boulanger, étudiant, instituteur, professeur, chef d'entreprise, fonctionnaire, gendarme, receveur des postes, pépiniériste etc… A partir du  22 octobre 43 une série d'arrestations, 83, stoppe l'action du groupe. Les interrogatoires sont, là aussi "musclés". Il y aura 21 condamnations à mort et 38 condamnations aux travaux forcés et /ou à la déportation.

S'agissant de la politique des otages,

les dirigeants SS arrivent à la même conclusion que les militaires de la Wehrmacht un an plus tôt : la politique des otages n'est pas à même d'endiguer la Résistance. Il s'agissait de faire peur, c'est le contraire qui se produit. Cette politique est vouée à l'échec…et abandonnée. Sans porter le même nom, la pratique des exécutions sommaires reprendra néanmoins quand les allemands se sentiront acculés mi 1944.

Par ailleurs pour faire tourner les usines de guerre et l'économie allemande, les prisonniers ne suffisent plus, les allemands ont un gros besoin de main d'œuvre.

Avec ce qui s'est appelé "La Relève", et qui consistait à faire revenir quelques prisonniers contre l'envoi massif d'ouvriers qualifiés, Vichy et l'occupant tentent déjà en 1942 de répondre à cet objectif. Mais là aussi c'est l'échec. Et toujours en accord avec Berlin, le Maréchal Pétain, alors, crée, par une loi du 16 février 1943, le STO (service du travail obligatoire) et appelle les premiers désignés. Malgré les moyens  importants dégagés pour aller chercher ces jeunes, jusqu'à leur domicile, c'est la résistance qui sort renforcée de cette initiative, les réfractaires rejoignant en masse les maquis en formation.

Quant à la déportation,

Celle des juifs se poursuit et s'intensifie : 255 au départ de Bordeaux en 43, sur 1660 déportés en 11 convois de 1942 à 1944, incluant des juifs de Bordeaux, et de toute  la région, des réfugiés "étrangers", ceux arrêtés au passage de la ligne de démarcation et les 76 du camp de l'organisation Todt Lindermann. Très peu reviendront.

Engagée depuis 41 avec notamment le décret "Nuit et Brouillard"  la déportation des résistants, s'intensifie également : 1100 déportés  girondins durant le conflit et 600 rescapés. Comme le rappelle les biographies –silhouettes présentées sur le cheminement, le 24 janvier 43 c'est aussi le convoi des 280 femmes françaises, résistantes politiques, vers Auschwitz.

 Mais cette année 1943, c'est aussi celle de l'espoir.

Différents évènements nationaux :  en avril, les accords du Perreux, décidant la réunification syndicale de la CGT, en mai, la  mise en place du Conseil National de la Résistance dont le contenu progressiste structure encore la société française. L'unification des mouvements de résistance (les MUR mouvements unis de la résistance le  26 janvier 43, les FFI forces françaises intérieur le 1 février 44-) créent une dynamique nouvelle et s'inscrivent dans une perspective, non plus seulement d'opposition à l'occupation, mais aussi de reconstruction du pays libéré.

D'autant que le contexte mondial crédibilise cet espoir.

La ville de Stalingrad est assiégée depuis septembre 42, mais le 2 février 43, l'armée soviétique boute hors les murs l'envahisseur en lui infligeant de lourdes pertes.

L'intervention des Etats Unis en Afrique du Nord assoie une base d'action pour les alliés qui interviennent avec succès en Italie et en Corse en appui du soulèvement local.

Les forces données par cet espoir seront déterminantes en 1944.

Nous y reviendrons l'an prochain.

 

Répétons encore une fois, que c'est parce que ces hommes et  ces femmes, dans toute leur diversité idéologique et sociale ont su dire non à l'inacceptable, au péril de leur vie, que notre pays a pu se libérer et trouver le chemin de la  reconstruction. Et la question aujourd'hui n'est pas de savoir ce que chacun d'entre nous aurait fait, cela nul ne le sait, mais de savoir à notre tour, s'il le faut, ne pas renoncer, et agir pour un monde meilleur.

 

Merci à tous, de votre attention, et de votre présence en ce jour de Mémoire."

 

Contact

Comité du Souvenir des Fusillés de Souge      44 cours Aristide BRIAND 33000 BORDEAUX

fusilles.souge@sfr.fr            Tél : 05 57 95 90 05

 

Discours du Comité lors de la cérémonie de Souge le 20 octobre

le 23 octobre 2013

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