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Quel rôle des municipalités dans les politiques éducatives? par Sébastien Laborde (réseau école PCF)

La période politique et sociale appelle l’ouverture d’un débat large sur ce que pourraient être des politiques populaires de progrès, de justice sociale répondant aux besoins des populations dans tous les pans de l’activité humaine dont l’accès à la culture et aux savoirs.

Concernant les politiques éducatives, il s’agit dans la situation actuelle avec la loi dite de « refondation de l’école» et la mise en place de la réforme des rythmes scolaires cette année ou l’année prochaine pour la plupart des communes, de dégager des pistes de réflexion et d’action au niveau municipal.

En effet, les politiques éducatives seront un des axes des campagnes municipales de mars prochain. ce sera aussi un des axes des campagnes, des projets municipaux que mettront en débat les communistes au cours de cette campagne. La mise en oeuvre du décret, par sa forme choisie par le gouvernement, peut être source de tensions, d’affrontement dans la ville durant la campagne. La question éducative fait partie des premières préoccupations des français, au même niveau que le logement, les transports, et l’emploi.

Il s’agit donc d’en cerner les véritables enjeux, parfois peu perceptibles.

A. Un état des lieux de la situation de l’école aujourd’hui doit être fait

1. Idées recues, réalités, enjeux de société

On dit souvent que les difficultés scolaires se sont aggravées, que les inégalités scolaires persistent. Je suis tombé cet été sur un compte rendu d’un colloque de la tendance unité et action de la Fen datant de 1982.

Les premières lignes de ce colloque témoignent de la situation du système éducatif un an après la victoire la gauche à la présidentielle et aux législatives de 1981.

150 000 jeunes sortent alors du système éducatif sans savoir ni lire ni écrire, 150 000 jeunes sortent sans diplôme. nous sommes peu ou prou en 2013 dans les mêmes proportions 30 ans après. À ceci près que, durant 30 ans, le niveau de diplôme a augmenté, que la massification du lycée, de l’université ont eu lieu en même temps que se créaient des filières dites techniques ou technologiques pour trier une partie des élèves et notamment ceux issus des classes populaires. en 30 ans, les programmes scolaires, la place des savoirs dans la société ont considérablement évolué. Les pratiques pédagogiques aussi. Pour autant, autant de jeunes sortent sans qualification, autant de jeunes sont en échec scolaire.

Les 10 années de droite, de suppressions de postes et de refonte des programmes et des objectifs même de l’école, la mise en place d’une école à plusieurs vitesses ont des conséquences dans l’accroissement des inégalités scolaires. dans le même temps, l’explosion des connaissances, dans
tous les pans de l’activité humaine, la révolution technologique et informationnelle comportent des possibilités colossales de partage des savoirs.

2.Le système scolaire aujourd’hui et demain

L’enjeu du système scolaire aujourd’hui, l’enjeu démocratique, de société, est celui de s’attaquer à la difficulté scolaire et donc aux inégalités scolaires, d’accès aux savoirs, à une culture commune ambitieuse. L’enjeu est d’élever le niveau de connaissance de toute une classe d’âge tout en s’attaquant aux inégalités d’accès aux savoirs.

Les enfants d’ouvriers et d’employés sont les plus nombreux, pourtant ce sont ceux qui réussissent le moins. C’est le point de départ d’une réflexion communiste sur la nécessité de l’ouverture dans notre pays d’une nouvelle phase de démocratisation scolaire balayant les idées rétrogrades et nostalgiques que l’école d’autrefois formait mieux qu’aujourd’hui.

Et il faut pour cela bien comprendre ce qu’est le système scolaire aujourd’hui, quelle est la bataille idéologique dont l’école est le terrain d’affrontement, c’est ma première partie où je reviendrai sur la réforme du socle et la loi de refondation avec les avancées qu’elle comporte mais aussi comment elle continue de s’inscrire dans la visée capitaliste d’une école à deux vitesses formant d’un côté des travailleurs hyper qualifiés et de l’autre une main d’oeuvre peu instruite, malléable et corvéable à merci, avec dans le même temps une marchandisation de l’école. La société de la connaissance est un des pans de l’activité humaine qui n’échappe plus à la marchandisation.

3.Le décret sur les rythmes

L’enjeu est celui de l’analyse et du traitement de la difficulté scolaire et donc comment lutter contre les inégalités scolaires, au niveau d’une commune dans l’accès aux savoirs, à la culture et aux loisirs.

Comment articuler une politique éducative ambitieuse dans la cité tout en confortant l’état et l’éducation nationale dans sa mission d’éduquer.

Car le risque n’est pas tant de ne rien faire, que de faire mal, s’agissant de pallier les insuffisances de l’école, insuffisance de moyens, humains et matériels, mais aussi de compréhension de la difficulté scolaire.

Enfin dernier axe, c’est celui de la concertation et de considérer tous les acteurs éducatifs comme des partenaires, l’école, les personnels enseignants et non enseignants, le tissu associatif, les structures d’accueil, les parents, et quels outils on met en oeuvre au niveau d’une ville et d’un territoire pour lutter contre les inégalités scolaires.

B. Loi de refondation, mon oeil !

1. Quelques données sur l’état existant des inégalités scolaires :

42% des enfants d’ouvriers non qualifiés accèdent à un Bac, 30% des inactifs, 45% des ouvriers qualifiés, soit moins de 1 sur deux. Parmi eux, 40% accèdent à un bac général.

De l’autre côté : 87% des enfants de cadres, 86% des enfants d’enseignants accèdent au bac, dont les 3/4 ont un bac général. L’objectif de conduire 80% d’une classe d’âge au bac et un jeune sur deux vers l’enseignement supérieur n’est donc pas atteint pour les catégories populaires.

Les inégalités sociales d’accès aux diplômes, aux savoirs et à l’enseignement supérieur persistent même avec l’augmentation du nombre de reçus d’une classe d’âge au bac.

On voit là comment sont utilisés les bac technologiques ou professionnels dans une sorte de tri social.

On a ainsi, pour caricaturer, répondu à la demande populaire mais aussi du patronat de massification de l’élévation du niveau d’étude tout en maintenant une sélection sociale à l’intérieur d’une classe d’âge, satisfaisant dans le même temps la bourgeoisie pas tout à fait prête à partager les lieux de pouvoir et de décision dans la société dans son ensemble.

Mais les exigences du patronat ont évolué, celui-ci tentant de s’adapter et d’adapter la société à ses besoins propres avec l’explosion des connaissances, des moyens de communication et d’échange, et la crise même du système de production et d’échange. L’enjeu des savoirs devient un enjeu de pouvoir et de développement du capitalisme avec la marchandisation de celui-ci.

2. La continuation d’une école à plusieurs vitesses

La mise en oeuvre de l’école du socle par la droite lors du quinquennat précédent franchit une étape dans cette
visée patronale et change la mission de l’école et de l’enseignant. La dichotomie entre les programmes scolaires et les compétences du socle induit qu’on ne demande plus la même chose à tous les enfants en particulier au collège, étape de la mise en oeuvre du tri social à partir de l’explosion du décrochage scolaire en 6ème.

Le collège unique est donc, malgré les déclarations de bonnes intentions, remis en question.

Une autre étude montre de grandes disparités sur le taux de redoublement des enfants en fonction du niveau de diplôme des parents. c’est la question du rapport à l’école qui est posé, souvent, mais aussi du rapport qu’entretiennent l’école et les enseignants avec ces familles.

54% des enfants dont les parents n’ont pas de diplôme ont déjà redoublé à l’entrée en troisième contre 14% des
enfants dont les parents ont un niveau d’étude à Bac + 2.

Nous sommes donc, malgré le discours dominant, dans la reproduction sociale des inégalités.

Beaucoup de choses se passent au collège, ou du moins apparaissent, ce qui ne veut pas dire qu’elles n’existent
pas en amont. Il ne faut pas penser que la difficulté scolaire n’apparaît qu’à ce moment-là. elle se construit dès la maternelle avec en plus de grandes disparités suivant les communes sur les moyens donnés à l’école d’une part et à l’éducation, aux politiques éducatives, en général.

La question de l’échec scolaire, du niveau de connaissance d’une classe d’âge, des inégalités scolaires concernent donc d’abord et avant tout l’école. ces inégalités et ces difficultés se construisent à l’école en même temps que l’école construit des savoirs.

Mais elle concerne aussi l’ensemble de la société et il est possible de lutter contre ces inégalités en dehors de
l’école avec l’accès à la culture, aux loisirs, à l’écrit, à la connaissance et aux savoirs sur un territoire donné.

La loi Peillon ne revient que très partiellement sur la logique de l’école du socle en élargissant celui-ci à des domaines des programmes scolaires qui n’étaient jusqu’alors pas concernés. des avancées existent sur la maternelle, les créations ou recréations de postes sans toutefois revenir au niveau d’avant 2007. Le collège est oublié dans cette loi, sauf avec l’instauration dès la 4ème d’un tri des élèves en difficulté sans rien proposer en amont dans la lutte contre la difficulté scolaire.

La mise en place de la réforme des rythmes a masqué ce débat. Pourtant, la réforme des rythmes en soi, n’est pas de nature à combattre la difficulté et l’échec scolaire.

La loi Peillon votée ne remet pas en cause et ne limite pas la dérive libérale et ségrégative contenue dans les lois Fillon et chatel. Bien qu’elle donne à l’école plus de moyens, c’est d’ailleurs une loi de programmation budgétaire, elle ne rompt pas avec les logiques engagées.

Comme Jean-Yves rochex l’a fait dans un texte publié dans la Lettre du réseau, nous devons dénoncer l’idée que la cause de la difficulté scolaire serait qu’il y a trop d’école. C’est tout le contraire.

Une journée de classe est d’autant plus fatigante qu’on ne comprend rien à ce qui s’y passe. Le rapport à l’activité, sa compréhension, son but et sa mise en oeuvre jouent pour beaucoup dans la fatigabilité de l’enfant comme de l’adulte du reste.

La vraie question est de savoir comment rendre pertinente une activité et ça c’est le rôle de l’école et la compétence de l’enseignant. Il peut se passer n’importe quoi avant et après si on n’évolue pas dans la « clarté cognitive », une partie des élèves décrochera tout simplement parce qu’ils ne comprennent pas en quoi cette activité leur est utile à plus ou moins long terme.

C. Décret sur les rythmes et l’enjeu des politiques éducatives

J’en viens maintenant à la réforme des rythmes, qui n’est d’ailleurs pas une réforme mais un décret.

1. La prégnance de l’idéologie dominante

Pour dégager des pistes d’action et de mobilisation, il s’agit d’abord de cerner les enjeux. J’ai développé les
enjeux globaux qui appellent l’ouverture d’une nouvelle phase de démocratisation scolaire. mais la réforme des rythmes comporte elle-même des enjeux qui lui sont propres.

Le décret de modification des rythmes scolaires n’envisage une modification des rythmes scolaires que sur la
semaine. L’alternance 7 semaines de classe/deux semai nes de vacances est maintenue, on ne s’interroge pas sur la période estivale, seul le primaire est concerné. rien ne change par exemple au collège. on peut donc d’emblée en cerner toutes les limites.

Le texte dit : « Il s’agit de mettre en place une organisation du temps scolaire plus respectueuse des rythmes
naturels d’apprentissage et de repos des enfants afin de favoriser la réussite de tous à l’école ».

Les mots ont un sens, et même si ça parait être du pinaillage, il faut quand même mesurer une chose à l’aune de la première partie que je viens de développer.

Le fait d’être élève et d’aller à l’école sont présentés comme naturels. or, cela n’a rien de naturel, sauf à penser que l’échec scolaire lui aussi est naturel. La théorie des dons se mue en théorie des handicaps socio-culturels, y compris dans le corps enseignant.

Toutes les études, les plus récentes, montrent que l’entrée dans les apprentissages scolaires est une construction sociale et culturelle. de plus, ce décret ne propose pas plus d’école, mais tout au mieux une école aménagée en fonction de l’enfant. Mais de quel enfant s’agit-il ? celui qui réussit déjà, l’enfant
de cadre ou d’enseignant, élevé comme un élève depuis son plus jeune âge, élevé pour réussir à l’école.

Et puis, la mise en oeuvre du décret, dans chaque commune de manière différente, risque de renforcer les inégalités territoriales entre communes riches et pauvres, communes rurales et urbaines, quartiers populaires et huppés comme voulait le faire Juppé à Bordeaux par exemple, à fortiori en l’absence de moyens alloués par l’etat et dans le contexte que l’on connait de crise et d’austérité budgétaire concernant les collectivités.

2. Des risques réels mais pas inéluctables

La mise en oeuvre de ce décret comporte enfin des ris - ques important concernant le rôle et les missions de l’école, entendez l’éducation nationale.

• une externalisation d’une partie des enseignements comme l’ePs et les arts. et on trouvera une part du
corps enseignant prête idéologiquement à accompagner cette externalisation de manière consciente ou inconsciente.

• ne plus pouvoir financer des activités coûteuses pour la collectivité (sorties, théâtre, pratiques culturelles, artistiques, sportives, classes transplantées)… dans le cadre de la classe, au profit de la mise en place, «coûteuse » également, du décret.

• des inégalités territoriales accrues.

3. La fausse piste de l’aide à la scolarité en dehors de l’école

Le texte stipule aussi des « activités pédagogiques complémentaires par groupes restreints d’élèves : pour l’aide
aux élèves en difficulté, pour une aide au travail personnel, une activité prévue par le projet d’école ou le PEDT le cas échéant, ce sont les APC (activités pédagogiques complémentaires) faites par les enseignants et qui remplacent l’aide personnalisée ».

Ces dispositifs déjà existant dans les textes n’ont pas, c’est le moins que l’on puisse dire, montré leur efficacité à contrer, enrayer, résoudre la difficulté scolaire. Il existe dans le cadre de l’éducation nationale des enseignants
spécialisés dans le traitement de la difficulté scolaire, dans les RASED démantelés par la droite, dont il faut de mon point de vue reposer la pertinence et l’utilité ainsi que le rôle qu’ils peuvent jouer dans le cadre de la classe.

Voilà pour les risques, les dérives, mais lors du prochain scrutin municipal et, dans l’année qui vient où il faudra
mettre en oeuvre ce décret, il ne suffira pas de dénoncer, critiquer, mais aussi de proposer des solutions alternatives.

D. De la mise en place à la mise en perspective de luttes pour une nouvelle phase de démocratisation scolaire, pour des politiques éducatives de progrès dans nos villes

À partir de là, plusieurs idées directrices, pas seulement pour la mise en oeuvre du décret des rythmes, mais pour des politiques éducatives et culturelles ambitieuses dans les communes.

1. La première est qu’il ne faut pas moins d’école, mais plus et mieux d’école :

L’école à l’école, donc pas d’externalisation d’une partie des programmes, mais les moyens donnés aux enseignants, dans le cadre de la classe, d’exercer leur métier (y compris avec des intervenants, dans le respect du rôle et des compétences de chacun).

Mettre l’état face à ses responsabilités sur les moyens de l’école, lutte pour les ouvertures de classes, les RASED.

2. La seconde est de reconnaitre les métiers de l’animation pour ce qu’ils sont :

Des métiers, nécessitant une valorisation, un statut, l’accès à des formations, pour aller vers un grand service public de l’animation et de l’accueil de l’enfance et augmenter la qualité du service communal dans ce domaine.

Mais rien ne prouve aujourd’hui que le travail scolaire en dehors de l’école favorise la réussite à l’école. Les dispositifs d’aide aux devoirs par exemple sont très discutables. autre chose est de développer des activités langagières, de découverte du monde de l’écrit au travers de bibliothèques médiathèques, de pratiques culturelles telles que le théâtre par exemple.

Les enfants qui réussissent font tout un tas d’activités culturelles, sportives, langagières, s’inscrivant dans une culture de l’écrit, une culture de l’école également, qui leur permet de se construire comme des élèves.

3. Il s’agit donc de cerner le rôle de chacun, de favoriser leur expression et les interactions entre les différents milieux éducatifs : l’école, le périscolaire, et l’extrascolaire dont l’activité associative, culturelle et sportive, et la famille.

Passerieux : « L’enfant ne se découpe pas en tranches : l’ensemble des milieux dans lesquels il vit participent de sa construction et de son développement. chacun avec ses spécificités mais tous nécessaires.c’est la pluralité de ces milieux, les interrelations entre eux, qui permettent à l’enfant de s’émanciper de chacun d’eux ».

Il s’agit donc, au travers de la mise en oeuvre des rythmes et aussi de l’ensemble des politiques éducatives et culturelles, de permettre à chaque enfant d’évoluer dans ces différents milieux.

Favoriser les interactions entre ces milieux éducatifs différents doivent se faire autour d’une idée : permettre à
chaque enfant d’être prêt à découvrir et comprendre toute la complexité du monde et donc entre autres de réussir à l’école.

Il existe, dans des départements, au niveau des villes, des observatoires des inégalités scolaires. Les évaluations faites par l’éducation nationale, mais aussi celles faites par les enseignants donnent des outils pour cerner la nature des difficultés scolaires à l’échelle d’une école, d’une commune, d’un territoire donné.

4. La lutte contre la difficulté scolaire : le rôle de l’école

Lutter contre la difficulté scolaire, c’est aussi prendre en compte les spécificités d’une population d’élèves. Les
résultats aux évaluations nationales, mais aussi l’expertise des enseignants, donnent des pistes de réflexion dans le cadre de la classe, mais aussi plus largement pour des politiques éducatives ambitieuses répondant aux besoins de la population. mais c’est d’abord et avant tout la mission de l’école.

Le décret tel qu’il est renvoie chacun des acteurs éducatifs à sa responsabilité et souvent avec le risque de confrontation de points de vue et d’intérêts différents. Il s’agit donc de permettre un dialogue nourri et constructif entre les professionnels de l’éducation, les familles et les structures d’accueil et d’animation pour décider au mieux de la mise en oeuvre, des ressources et des possibilités.

5. entendre les revendications des professionnels et les aspirations des parents

Il y a des revendications des enseignants qui voient, non pas le temps de service, mais l’amplitude horaire sur leur lieu de travail augmenter. Les enseignants doivent faire 108h en dehors de la classe en réunions, formations... Souvent le mercredi matin était utilisé pour cela. ce temps-là devra se faire à d’autres moments.

Il faut aussi avoir en tête ce qu’ont subi les enseignants sous la droite. en terme de dévalorisation de leur métier,
de changement des missions de l’école, d’accroissement de la charge de travail souvent avec des résultats peu probants, et la baisse du pouvoir d’achat et du salaire net qui continuent. cela crée chez eux, mais comme dans de nombreux secteurs du monde du travail du désarroi, de la souffrance, et un certain renoncement avec des difficultés d’acceptation de tout changement.

Pour les personnels de l’animation, le risque est grand de voir augmenter la précarité dans ces métiers, le sous travail contraint, les amplitudes horaires dignes des salariés de la grande distribution. Pour les parents, cela peut induire une augmentation des dépenses dédiées à l’accueil périscolaire avec une amplitude pour l’enfant dans des structures collectives tout aussi importantes qu’avant.

Quel rôle des municipalités?

Pour les municipalités, en l’état actuel des choses, dans le contexte d’étranglement du budget des collectivités, c’est un coût non négligeable.

La question de qui paie la réforme est posée, de manière directe très souvent par les familles. Il s’agit donc aussi
d’interroger les politiques tarifaires de la cantine, du périscolaire et des ALSH. La mise en place du quotient familial dans le calcul de la tarification s’impose alors comme une mesure de justice sociale.

À titre d’exemple, pour la ville de Champigny, le coût de la mise en oeuvre du décret correspondrait à 2 millions
d’euros en cantine et périscolaire. Qui paiera l’addition ?

La qualité du périscolaire sera interrogée de manière nouvelle, de même le temps du midi, les enfants y passant en majorité plus de temps, et pour les parents, si c’est une réforme à visée éducative, cela doit se retrouver concrètement dans les activités proposées.

Il s’agit donc à partir des axes proposés, de poser les questions telles qu’elles sont en direction de la population et des gens concernés.

Mais cela peut permettre aussi de mettre l’état face à ses responsabilités en menant le débat sur le rôle de l’école, des parents, de la collectivité dans ce domaine.

20% des communes appliquent le décret en 2013. Les dispositifs mis en place sont souvent imparfaits et de toute façon nécessiteront une évaluation au cours de l’année qui vient. La grande majorité de ces communes ont opté pour le mercredi matin (moins de 2%, d’après le Snuipp, ont choisi le samedi matin). c’est la volonté massive des parents pour deux raisons : d’emploi du temps (disposer du week-end), et aussi de voir diminuer la facture de l’ALSH, puisque le mercredi matin ne serait plus décompté.

La journée de classe est allégée, les élèves ayant moins d’heures de classe l’après-midi en finissant l’école entre 30 et 45 minutes plus tôt. mais la journée de l’enfant n’est pas pour autant allégée, puisque pour les parents qui travaillent dans beaucoup de territoires, le retour à la maison se fait entre 18h et 19h et le départ le matin entre 7h et 8h.

Le SNUIPP-Fsu a réalisé une enquête qui concerne 2000 communes sur les presque 4000 qui passent en 9 demi-journées à la rentrée. Le problème qui émerge c’est l’étranglement financier des communes pour faire ce qu’elles voudraient. De plus dans beaucoup de communes les horaires sont imposées par des questions connexes : cantine et transport scolaire notamment.

43% des écoles finissent plus tôt. 10% ont choisi de finir à 15h deux jours et 16h30, 2 autres jours.

Les activités proposées sont très diverses et variées : théâtre, sport, prévention routière, cuisine, modélisme, astronomie.

Les intervenants sont les enseignants et les atsem, des animateurs, des bénévoles ou encadrant associatifs diplômés…

À quels prix : la gratuité, la mise en place d’une tarification au quotient, ou le forfait ?

Beaucoup de communes, 80%, ont donc demandé le report, il s’agit maintenant d’engager le débat avec les professionnels, les parents, la municipalité sur la mise en oeuvre.

Il n’existe pas de modélisation communiste des horaires de la journée d’un enfant. Il s’agit d’échanger et de discuter sur ce que nous pouvons pousser en terme de débat public et aussi sur ce qui peut ou qui est déjà mis en oeuvre avec les avancées et les limites que comportent chaque organisation, de développer des axes perceptibles de luttes :

- La mise en place d’un observatoire de la mise en oeuvre de la réforme des rythmes est nécessaire.

- mettre l’état face à ses responsabilité en matière d’école, de soutien aux collectivités, de solidarité entre les territoires en interpellant sur le nombre de postes d’enseignants, le RASED, les effectifs par classe, l’étranglement des budgets communaux avec la baisse des dotations, la réforme de la fiscalité communale.

- de dénoncer les limites de la réforme des rythmes mais aussi de la loi Peillon. on ne remet pas en cause l’école du socle, on interroge les rythmes de l’enfant uniquement sur la semaine, on ne récupère pas les 2h de classe perdues sous la droite.

- de permettre la mise en oeuvre de services publics de l’animation. La qualité du périscolaire dépend pour beaucoup de la pérennité, la stabilité et le statut des emplois proposés. Les moyens mis à disposition également, tout cela appelle la création d’un service public de l’animation au niveau d’une ville, d’un territoire, sans attendre un vote du parlement pour un service public national.

- d’être force de proposition en matière d’accueil périscolaire, de politiques éducatives et d’ouverture culturelle. L’accès à la culture, aux loisirs, aux sports restent un enjeu fort, un enjeu de civilisation.

Si nous remettons en question la réforme des rythmes telle qu’elle est proposée, nous ne remettons pas en cause une réforme des rythmes efficace, ni une politique éducative municipale dans le cadre du périscolaire mais aussi de l’accès de tous à la culture et au sport.

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le 24 octobre 2013

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