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Reconstruire au PCF - Contribution de Patrick Fourgeaud - Rrives de Dordogne

Reconstruire au PCF

 

                                            « Ils veulent nous enterrer, mais ils ne savent pas

                                                     que nous sommes des graines. »

 

 

Après les élections régionales, « L'Humanité » a ouvert un débat sur les moyens de « reconstruire à gauche ». Mais il faut d'abord se préoccuper de « reconstruire au PCF » car c'est là qu'est l'essentiel du problème. La gauche est gravement affaiblie de l'affaiblissement du parti communiste.

Le résultat de notre parti aux Régionales est d'autant plus inquiétant qu'il n'a pas su attirer vers lui les très nombreuses personnes écoeurées des dérives du gouvernement socialiste.

Notre score s'explique par des causes immédiates, mais aussi par des causes plus lointaines et plus fondamentales.

 

Des camarades ont souligné le manque de lisibilité de notre politique, ses alliances variables d'une Région à l'autre, et le grand écart que l'on a effectué vis-à-vis du PS entre le premier et le second tour.

La confusion vient aussi des mots, notamment sur la notion de « gauche ». On ne peut pas accepter le schéma qui veut ranger toute la vie politique française dans deux casiers seulement : droite et gauche Ce schéma ne correspond pas à la réalité,  ni historique, ni actuelle. Nous devons le réfuter.

Le PS est-il à gauche ? Aujourd'hui, la réponse est non. Ce parti partage avec la droite les thèses les plus fondamentales : acceptation et renforcement de la mondialisation capitaliste, acceptation et renforcement de l'Europe libérale, politique étrangère et vision du monde alignées sur celles des Etats-Unis.

Pour autant, notre attitude par rapport aux socialistes ne peut être sectaire, car nombre d'entre eux peuvent être classés à gauche en tant qu'humanistes et que démocrates. Et la gauche, c'est la surface de nos alliances possibles.

Les Régionales ont été marquées par la très inquiétante montée du FN, mais tout autant par le volume impressionnant des abstentions. Celles-ci ne viennent pas, bien souvent, de citoyens dépolitisés, mais au contraire de citoyens conscients qui se sentent à juste titre coincés et bernés par la vie politique sous la Ve République.

Avec son mode de scrutin majoritaire, le système élimine depuis plus de cinquante ans des pans entiers de la société dans toute assemblée élue, en premier lieu les travailleurs. Le scrutin à la proportionnelle est le seul qui puisse garantir le respect du corps électoral, dans sa réalité sociale. On accuse ce scrutin de rendre le pays ingouvernable. Mais des remèdes peuvent être apportés à ce problème, par exemple prévoir le retour devant les électeurs de l'ensemble des élus qui se montrerait  incapable de mettre en place un gouvernement stable.

 

Les communistes sont aujourd'hui victimes d'une censure quasi-absolue dans les médias. Il est donc d'autant plus nécessaire qu'ils réfléchissent profondément au fond et à la forme de leur communication avec les travailleurs et les jeunes, que ce soit par tracts, par affiches, par parole orale ou écrite.

Sur cette question, on peut d'abord constater que le programme qu'ils ont porté dans toute la dernière période, beau programme cohérent et répondant aux besoins, n'a pas empêché l'affaiblissement de leur parti. Cela est dû au délitement du Front de Gauche, mais aussi à ce que ce programme a sans doute paru « hors sol », n'indiquant pas les chemins concrets à suivre pour aller vers un changement réel.

Il existe en effet un scepticisme profond, que nous alimentons malgré nous. En soulignant (à juste titre) la main-mise des puissances d'argent sur toute la vie économique, politique et idéologique, les communistes induisent aussi chez les citoyens le sentiment qu'il est impossible de changer le cours des choses.

Voici quelque temps, un responsable fédéral disait dans « L'Humanité » qu'il faut s'adresser aux gens à partir de problèmes proches et concrets. Il donnait comme exemple la lutte qui avait été menée dans sa ville avec les jeunes pour l'accès gratuit à la piscine municipale l'été.

Ce genre de lutte peut effectivement rencontrer un écho immédiat.  Mais, en général, on ne devient pas communiste, et on ne le reste pas, pour une question de piscine municipale. Dire cela, ce n'est pas dédaigner les luttes proches et concrètes. Les communistes peuvent aider celles-ci (et notamment les luttes syndicales) en apportant un éclairage plus large sur les origines du problème rencontré, et par là en faisant avancer les consciences. Mais encore faut-il que les communistes soient suffisamment armés au plan théorique.

On ne doit pas opposer le théorique au concret. C'est la théorie qui explique le concret au-delà des apparences immédiates.

 

Il faut prendre en compte une aspiration aujourd'hui très largement répandue, notamment chez les jeunes, qui est de comprendre en profondeur ce monde absurde et inquiétant où nous vivons, d'en imaginer des sorties possibles. Respecter cette aspiration, c'est dire haut et fort nos raisons d'être communistes, le sens de notre lutte qui est l'émancipation de chacune et de chacun, l'organisation politique que nous voulons, visant la liberté réelle, beaucoup plus loin que la démocratie en toc avec ses majorités frelatées et ses minorités asservies.

Il nous faut dépasser la politicaillerie quotidienne.

Etre armé au plan théorique, c'est s'approprier les analyses de Marx sur le capital, analyses toujours pertinentes et opérationnelles, qu'il s'agisse de l'origine des richesses qui se trouve toujours dans le travail humain, de la nature profonde du salaire qui est de ne payer que la force de travail et pas le travail lui-même, de l'origine du profit, de l'accumulation des capitaux, etc. Equipé de ces outils théoriques, le salarié peut casser lui-même les fausses évidences dont le capitalisme l'abreuve quotidiennement.

Mais, par dessus tout, pour être crédible, le parti communiste doit indiquer avec précision quelle route politique il faudra emprunter pour que les forces progressistes lèvent les deux principaux obstacles au changement. Ces obstacles s'appellent la dictature des marchés financiers et la toute-puissance du capital dans la gestion des grandes entreprises, et par conséquent dans sa capacité à licencier quand bon lui semble.

Présentés ainsi brutalement, ces obstacles peuvent paraître infranchissables à bien des travailleurs, y compris à des militants communistes. Mais les choses se présentent autrement si l'on perçoit qu'il s'agit pour le futur gouvernement de gauche en France : d'une part de réorienter l'Europe, avec le soutien des forces progressistes européennes, pour qu'à partir de la Banque Centrale Européenne les financements nécessaires à tout projet soient décidés démocratiquement au plus près des territoires concernés et à des taux non usuraires – et d'autre part d'aller au bout de ce qui est déjà inscrit dans le préambule de notre Constitution : « Tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu'à la gestion des entreprises ».

Ces deux questions ont déjà été travaillées par des communistes. Il faut maintenant affiner et amplifier ce travail dans tout le parti, et bien sûr avec tous ceux qui voudront y participer.

Il faut aussi prendre conscience, et faire prendre conscience, qu'une lutte contre le chômage n'est qu'une hypocrisie si elle prétend pouvoir faire abstraction de la maîtrise du crédit et de la gestion démocratique des entreprises.

La preuve est faite que la dette financière a pour conséquence le massacre des services publics, et qu'un patron tout-puissant n'a en général pas de scrupule à fermer sa boîte et à jeter ses salariés.

Enfin, il faut se rendre compte que les luttes proches et concrètes seront beaucoup plus puissantes et tenaces si elles concernent beaucoup plus que la gratuité d'une piscine, par exemple l'ouverture de crédits locaux pour le développement d'un bassin de vie. La force des luttes dépend de l'importance de leur enjeu.

 

En résumé, il s'agit pour le parti communiste de mieux rechercher son identité, d'être davantage communiste.

Cette recherche, cette affirmation de soi ne représente pas un affaiblissement pour l'union de la gauche, qui est une nécessité. Dans cette union, chacun doit venir avec ce qu'il est et doit dire ce qu'il croit nécessaire pour le pays. C'est un enrichissement pour tous. C'est aussi un moyen de se rendre compte qu'il ne suffit pas d'être dans la gauche anti-libérale pour qu'on soit forcément d'accord sur tout. Mais nous avons intérêt à la clarté, pour nous-mêmes et pour la population.

 

                                                      Patrick Fourgeaud

                                                      Texte écrit après la réunion des communistes

                                                      des Rives de la Dordogne (33)

                                                    

 

le 29 février 2016

     
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