Il y a 70 ans, plusieurs maquisards ciotadens mourraient pour défendre la liberté face à la haine. Aujourd’hui encore, leur souvenir résonne.
Dans le silence de la montagne, des voix, des chants, s’élèvent comme un cri douloureux empreint d’espérance. Plusieurs Ciotadens sont là, debout, se recueillent. Nous sommes à Lambruisse (04), non loin de Digne. Sur ces terres, il y a 70 ans, un groupe de maquisards fut lâchement assassiné, aux premières lueurs du jour, par les nazis et leurs alliés miliciens à la solde du régime de Vichy. Comme chaque année, bon nombre de personnes, anciens combattants, élus, militants, citoyens, étaient là, le 5 juillet dernier, pour un hommage vibrant.
La chorale ciotadenne « Chœur à cœur » du Cercle de la renaissance a fait le déplacement pour la première fois. La Mairie de La Ciotat a affrété un bus et fourni les fleurs. Celle de Lambruisse a offert les repas. La Marseillaise, puis le Chant des partisans, le Chant des marais, Bella ciao… Des paroles, des cris du cœur, soulevés par les voix puissantes des choristes. L’émotion est là, palpable. Il faut dire que la cérémonie se déroule juste ici, à la ferme Laval, triste théâtre de ces événements tragiques.
Un maquis héroïque
Le 6 avril 1944, après avoir soutiré des informations à leurs camarades tombés deux jours plus tôt à La Braisse, les Allemands font irruption à Lambruisse. Plusieurs centaines, contre une poignée de jeunes résistants. Six heures durant, ils se battront dans le froid glacial de ce début de printemps, jusqu’à tomber, un par un, sous les balles. Ils s’appelaient Henri Diffonty, Jean Romana ou portaient des noms italiens, comme Alfonso Del Viccario et Pasquale Ruggero des FTP-MOI (Franc tireurs et partisans – Main d’œuvre immigrée). Roger Luquet, un des jeunes Ciotadens, fut épargné par le feu. Il sera en revanche fait prisonnier, enfermé aux Baumettes, puis déporté de camp en camp. Jusqu’à sa mort l’année dernière, il demeurait le dernier témoin de cette tragédie. Et, grâce à lui, la mémoire de l’atrocité se transmet.
À la Mairie du village, puis au monument aux morts et jusqu’à la ferme Laval, les discours s’enchaînent. Le sous-Préfet lance un appel à la jeunesse, relayé par Daniel Debrois, Président du comité ciotaden de l’association nationale des anciens combattants de la Résistance (Anacr) : « La crise économique, politique, sociale, que connaît le monde et l’Europe rappelle, sous certains aspects, l’époque des années 30 et explique en grande partie le succès des discours populistes et xénophobes. Nous savons malheureusement ce à quoi ils ont abouti (…) Nous sommes tous ici des passeurs de mémoire. Notre vigilance ne doit pas se relâcher. »
Aujourd’hui encore, le souvenir des morts de Lambruisse résonne, comme pour nous rappeler à notre devoir de résistance.
Baptistin Vuillemot (La Marseillaise, le 19 juillet 2014)
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