Fédération de la Gironde

Fédération de la Gironde
Accueil
 

Les vidéos

  • Déclaration de Pierre Laurent - 1er tour de l'élection présidentielle - 23 avril 2017

  • Actu' mardi 21 mars - Industrie : stop la casse

  • Actu' du mardi 21 mars - Industrie : Stop la casse !

  • La France en Commun

 
 
 

Allocution de Frédéric Mellier, petit-fils de fusillé et membre de la direction du PCF33, dimanche 21 octobre à Souge

Allocution au nom du Comité des fusillés de Souge pour le 70ème anniversaire des fusillades de 1942

 

C’est avec une grande émotion que j’interviens devant vous aujourd’hui dans cette lande. Depuis mon plus jeune âge, je me souviens avoir foulé le sable  de ces enceintes, avoir entendu les interventions de Marcel Paul,  Lucie Aubrac, encore de Jo Durou.

 

Enfin une émotion aussi car le comité a sollicité cette année un petit fils de fusillé pour la commémoration du 70ème anniversaire des fusillades de 1942.

Cette année 42 fut l’une des plus terribles pour la résistance en gironde. 99 patriotes et résistants furent  fusillés durant cette année.

Les premières fusillades massives du 24 octobre 1941 avaient ouvert la voie. Malgré la répression de 1941, la résistance avait continué d’agir, notamment dans les entreprises. 

Pour beaucoup, ces hommes étaient des militants avant-guerre, qui prolongèrent tout naturellement leur engagement, leurs activités de syndicalistes, de militants communistes dans les conditions de l’époque. D'autres, répondaient plutôt à l'appel du général de Gaulle et voulaient rejoindre Londres ou y transmettre des renseignements. Il s’agit de mesurer combien des gestes simples  de la vie démocratique aujourd’hui étaient une prise de risque énorme à l’époque.

 

Ainsi à la Sncaso, ancêtre de la Sogerma, ils menèrent une bataille revendicative sur les conditions de travail, des demandes de primes ou la gratuité des cars……Ces actions qui se faisaient dans le cadre instauré par l’Etat français, n’étaient qu’une partie de leur activité. Inlassablement, ces hommes maintenaient des distributions de tract, de journaux clandestins dans l’entreprise.  Ce travail  de propagande était là pour aider leurs collègues à maintenir la tête haute, à dénoncer l’occupation allemande et son idéologie, ainsi que la collaboration de l’état français, et appeler à la résistance et au sabotage. C’était un travail de fourmis pour maintenir la lumière au milieu de la nuit.

A côte de ce travaille de propagande, va s’organiser progressivement une minutieuse activité de sabotage de l’appareil de guerre allemand.  Ainsi, dans les usines de l’aéronautique le sabotage des pièces à destination des avions allemands constituait une action principale, ainsi que les renseignements sur les plans des usines pour les bombardements alliés.

Ce fut au total 44 résistants issus de l’aéronautique qui furent fusillés dont 29 de la SNCASO et 13 de l’AIA.  Mais on trouve aussi des hommes de la SNCF, des PTT,  des Chantiers de la Gironde, du Port. Et d’autres encore, essentiellement originaires de la Gironde et la Charente..

 

A l’issue des fusillades de 1942 ce sont 99 patriotes qui sont tombés. La Résistance sort décimée en Gironde. Le faible nombre de fusillés en 1943 est un révélateur de cette  situation. La Résistance se réorganisant, 1944 fut l’année où il y eu le plus de fusillés. Si les premières fusillades furent marquées par le grand nombre de militants issus de la CGT  et du Parti Communiste, l’année « 44 » est empreinte d’une plus grande diversité. idéologique et géographique : des gaullistes de Charente-Maritime, un responsable socialiste de Foix, des juifs résistants de Dordogne, un responsable national du mouvement Combat.

 

Au total ce  fut 256  hommes qui furent fusillés dans cette lande de 1940 à 1944. Ils avaient Ils venaient pour beaucoup de Gironde, mais aussi des Landes, de Dordogne  et d’autres régions comme le Poitou-Charentes. Ils étaient CéGéTistes,  Communistes, Gaullistes, Socialiste, Juifs, militants chrétiens, ou sans parti sinon celui  de vouloir une France libre.

Certains nous sont connus, porte les noms de rue de nos villes. D’autres ne sont encore malheureusement que des noms dont nous ne connaissons que peu ou pas leur histoire. Mais le comité essaie de travailler à reconstruire leur histoire. Deux panneaux à l'entrée donnent quelques informations sur les dernières recherches du Comité.

 

Les fusillés de Souge furent donc à l’image de ce que fut la répression en gironde, mais aussi à l’image de ce que fut la résistance dans tout sa diversité. Celle d’hommes et de femmes qui refusant la haine et la barbarie, relevèrent la tête pour construire un autre avenir à notre pays.

 

Depuis l’automne 1944 années après années des hommes et des femmes viennent rendre hommage aux fusillés. Cet hommage n’est pas seulement celui à des morts, même si cela est important. C’est un hommage à leur combat, à une idée du genre humain, à une certaine idée de la France.

 

C’est aussi dans un moment particulier que se tient cette commémoration du 70ème anniversaire.

 

Un moment où certains discours  nous renvoient aux périodes les plus sombres de notre histoire. Des discours qui  pointent du doigt certaines catégories de notre population, visant à diviser notre peuple.

Ces discours ne peuvent que rappeler ceux qui fleurirent dans les années « 30 » et furent institutionnalisés sous l'Etat français de Vichy. 

Ils nous appellent à la plus grande vigilance. Cette situation doit nous inciter à redoubler d’efforts quand au devoir de mémoire. Notre communauté nationale ne pourra se construire dans la stigmatisation des uns ou la haine de l’autre.

C’est ce message qu’ils nous ont laissé et que nous devons faire vivre autour de nous. Il nous faut garder vivace l’engagement de ceux qui ont péri pour la devise de notre République, qui porter dans leur combat une vision humaniste et universaliste de la France.

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

Allocution de Frédéric Mellier, petit-fils de fusillé et membre de la direction du PCF33, dimanche 21 octobre à Souge

le 23 octobre 2012

    A voir aussi



     
    fédération de la Gironde : 15 rue Furtado 33800 Bordeaux telephone : 05 56 91 45 06 mail : gironde.pcf@gmail.com